Alors que les impacts négatifs de la sédentarité et des troubles du sommeil sont désormais bien reconnus pour leurs effets délétères sur la santé physique et mentale, un autre fléau, moins visible mais tout aussi préoccupant, mérite une attention particulière : la solitude. Amplifiée par la crise du COVID-19, elle affecte profondément nos sociétés modernes.
Un problème croissant
Les enquêtes et études montrent que nous mangeons, regardons des films, faisons du sport et même l’amour de plus en plus seuls. À cela s’ajoute la polarisation sociale, un phénomène où les groupes renforcent leurs similarités internes tout en accentuant leurs différences avec les autres. Cette dynamique exacerbe les sentiments d’isolement et fragilise la cohésion sociale. En outre, la polarisation, largement amplifiée par les réseaux sociaux, nourrit l’anxiété et érode la confiance envers les institutions et les réponses collectives face aux crises.
Parallèlement, le recul des interactions sociales directes entraîne une diminution des compétences émotionnelles et relationnelles essentielles. Comme le souligne Nico H. Frijda dans The Laws of Emotion, les émotions jouent un rôle central dans la gestion de nos relations et de notre équilibre intérieur, soulignant l’importance des liens humains authentiques.
La solitude et l’angoisse existentielle
La solitude est intimement liée à une perte de sens, aggravant les angoisses existentielles. Des travaux en psychologie humaniste et sociale, notamment ceux de Richard Ryan et Edward Deci, mettent en lumière le rôle fondamental du besoin de connexion sociale dans le développement personnel. Se sentir connecté aux autres est indispensable pour construire une perception cohérente de sa place dans le monde et pour maintenir un bien-être psychologique.
Réapprendre à se connecter à l’altérité
Dans un monde de plus en plus digitalisé, il devient essentiel de recréer des espaces favorisant des interactions authentiques et significatives. Le renforcement des réseaux sociaux réels, la pratique de l’acceptation inconditionnelle de soi et des autres, ainsi que la valorisation de moments partagés constituent des clés pour surmonter la solitude et l’aliénation. Ces approches permettent de restaurer un sentiment de communauté et d’appartenance, essentiel à notre épanouissement.
Une priorité pour demain
Face à ce défi invisible mais bien réel, il est urgent d’agir pour replacer la connexion humaine au centre de nos priorités. En développant des politiques et des initiatives favorisant le lien social, nous pourrons prévenir une épidémie silencieuse de détresse mentale et redonner à chacun la capacité de vivre pleinement en harmonie avec les autres.
Sources :
Thompson, D. (2025), The anti-social century. The Atlantic.
Ryan, R. M., & Deci, E. L. (2000). Self-determination theory and the facilitation of intrinsic motivation, social development, and well-being. American psychologist, 55(1), 68.
Languérand, Emeric . Comment redonner du sens à sa vie : un programme complet de remotivation des personnes. Dunod, 2024.
Photo : Le Moine au bord de mer de Caspar David Friedrich (1810), huile sur toile.