
Depuis sa sortie sur Disney+, la saison 2 de Bref revient régulièrement dans les références évoquées par mes patient·es en psychothérapie, alors moi aussi, je m’y suis mis.
Bref, j’ai regardé la série.
Certaines scènes sont particulièrement intéressantes pour illustrer la démarche psychoéducative en thérapie. Par exemple, celle du déjeuner, où la mise en scène permet de comprendre le vécu diamétralement opposé d’une même situation par deux personnes différentes.
Le personnage principal réalise rétrospectivement que sa perception initiale de la situation n’intégrait pas un certain nombre d’informations passées complètement inaperçues, principalement à cause de ses biais cognitifs.
C’est un excellent exemple pour expliquer la restructuration cognitive et l’importance d’explorer des interprétations alternatives aux pensées émotionnelles biaisées dans les situations du quotidien.
En revanche, ce qui me gêne davantage dans cette série, c’est le propos de fond véhiculé à propos du personnage principal. Tout au long de la saison, on lui reproche, jusqu’à le convaincre, qu’il est égocentrique et qu’il porte la responsabilité de la plupart de ses difficultés en raison de son égoïsme. Ce discours est accentué par un film réalisé par une ancienne partenaire, qui le dépeint comme toxique.
Pourtant, en observant le personnage avec plus d’attention, on constate plutôt un déficit d’assertivité qu’un réel égoïsme ou manque d’attention aux autres.
Le personnage central peine à trouver sa place au milieu des autres. Sa timidité initiale dans l’enfance évolue progressivement vers des difficultés marquées dans les interactions sociales. Il adopte régulièrement un comportement passif, accepte des situations contraires à ses désirs et besoins, en adoptant une posture de « suiveur ». Il est d’autant moins aidé qu’il a un frère, lui aussi peu habile en termes d’assertivité, mais qui, contrairement au personnage principal passif, adopte une posture agressive, négligeant complètement les désirs d’autrui.
Bref, le personnage central manque plutôt de capacités à affirmer son « je ».
D’ailleurs, pour revenir à la scène du déjeuner, son comportement est typique des personnes souffrant d’un déficit d’affirmation de soi : après avoir longtemps contenu ses frustrations dans une attitude passive, il finit par exploser de manière agressive, tentant maladroitement de reprendre le contrôle, en réalité contre lui-même.
Ainsi, cette saison 2 est certes intéressante par moments, mais passe à côté du véritable enjeu thérapeutique lié à l’affirmation et à l’estime de soi.
Bref, j’ai trouvé la saison 2 de Bref plutôt « bof ».