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Photo de la lithographie sur papier "L'Artiste Phenix" de Marc Chagall. Il s'agit d'un dessin représentant un portrait de profil, divisé en deux : à gauche cerné de rouge le profil d'un humain et à droite une tête d'équidé verte. Les traits sont délimités par des contours noirs, avec des cheveux ondulés en bleu. Des motifs floraux et des éléments figuratifs, comme des silhouettes et des maisons sont présents en arrière-plan. En bas écrit au crayon de papier, à gauche le numéro de la lithographie "19/50" et à droite la signature de Marc Chagall.
Photo de la lithographie sur papier "L'Artiste Phenix" de Marc Chagall. Il s'agit d'un dessin représentant un portrait de profil, divisé en deux : à gauche cerné de rouge le profil d'un humain et à droite une tête d'équidé verte. Les traits sont délimités par des contours noirs, avec des cheveux ondulés en bleu. Des motifs floraux et des éléments figuratifs, comme des silhouettes et des maisons sont présents en arrière-plan. En bas écrit au crayon de papier, à gauche le numéro de la lithographie "19/50" et à droite la signature de Marc Chagall.

Nous sommes ce que nous répétons chaque jour.

ARISTOTE

Albert Ellis, célèbre pour ses déclarations provocatrices, utilisait souvent des phrases percutantes pour ébranler la pensée rigide de ses interlocuteurs. Son objectif était de confronter ceux-ci à leurs croyances irrationnelles, rarement questionnées afin de les aider à contester leurs schémas de pensée. Cette approche, il la mettait en œuvre notamment lors des célèbres soirées du vendredi à l’Institut qu’il avait fondé à New York, attirant des étudiants, des psychologues et toute personne intéressée par la psychologie.

Ainsi, il a pu déclarer lors de l’une de ses rencontres : « la névrose est juste un mot sophistiqué pour dire pleurnicherie ». Bien évidement, une telle expression est choquante compte-tenu de la souffrance que traversent les personnes dans cette situation. En qualifiant la névrose de « pleurnicherie », Ellis ne cherchait pourtant pas à ridiculiser les personnes présentant de ce qu’on appelait autrefois des « névroses » – un terme qui a disparu des manuels psychiatriques au début des années 1990. Son propos visait plutôt à critiquer les approches thérapeutiques qui, selon lui, maintenaient les personnes dans leurs troubles sans les aider activement à dépasser leurs souffrances psychiques. « Ce n’est pas de ton passé dont tu souffres, mais de ce que tu fais de ton passé aujourd’hui », disait-il en substance, soulignant l’importance de l’action présente sur l’impact de l’histoire personnelle.

Albert Ellis a apporté une contribution majeure à la psychologie, et plus particulièrement à la psychologie cognitive, avec la Thérapie Comportementale Émotive Rationnelle (Rational Emotive Behavior Therapy, ou REBT). Conçue dans les années 1950, cette thérapie cognitive a rompu avec les théories freudiennes prédominantes en se centrant sur l’influence des croyances individuelles sur les émotions et les comportements.

Les fondements de la REBT

Influencé par des philosophes comme les stoïciens et des théoriciens tels que Karen Horney, Ellis a formulé le principe central de la REBT : ce ne sont pas les événements eux-mêmes qui perturbent les personnes, mais les croyances irrationnelles qu’elles entretiennent à leur sujet. Ellis a ainsi identifié trois croyances irrationnelles majeures :

  1. L’exigence de réussite personnelle (« Je dois réussir parfaitement »),
  2. La demande de reconnaissance des autres (« Les autres doivent me traiter avec respect ») et
  3. L’attente d’une vie sans épreuves (« La vie doit se dérouler comme je le souhaite »). Ces croyances créent un terreau propice aux émotions négatives dysfonctionnelles comme la colère excessive, l’anxiété et la dépression.

Le Modèle ABC de la REBT

Ellis a développé le modèle ABC pour aider les personnes à identifier et à remettre en question leurs croyances irrationnelles. Ce modèle comporte trois composants : (A) l’événement déclencheur, (B) la croyance activée par cet événement, et (C) la conséquence émotionnelle ou comportementale de cette croyance. L’objectif de la REBT est de démontrer que les croyances (B) sont responsables des réactions émotionnelles et non les événements (A) eux-mêmes. En modifiant leurs croyances irrationnelles, les individus peuvent réduire significativement leurs émotions négatives.

L'impact d'Ellis sur la psychologie cognitive et comportementale

L’approche d’Ellis a jeté les bases de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) moderne, influençant des figures telles qu’Aaron Beck. Contrairement aux méthodes psychanalytiques centrées sur le passé, Ellis a introduit une thérapie active et directive, où le thérapeute aide activement la personne à examiner et à corriger ses croyances irrationnelles, en les remplaçant par des pensées plus rationnelles. Cette approche, soutenue par des études empiriques, a démontré que les changements cognitifs peuvent conduire à des améliorations émotionnelles et comportementales durables.

L'héritage d'Ellis dans la thérapie moderne

La REBT a évolué au fil du temps et continue d’être intégrée dans les pratiques cliniques actuelles. Elle influence aujourd’hui des domaines variés comme la psychothérapie, l’éducation et les relations interpersonnelles. Ellis a non seulement posé les fondements de la thérapie cognitive, mais il a aussi instauré une approche pragmatique et humaniste visant à aider les personnes à mener des vies plus satisfaisantes en réduisant leur auto-sabotage émotionnel. Son influence se retrouve dans les thérapies de la « troisième vague » des TCC, telles que la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT).

Pour en savoir plus

Lalubin, Mathilde ; Languérand, Emeric ; Lemaréchal, Romain ; Stoker, Annie. Pratiquer la thérapie comportementale émotive rationnelle (REBT). Dunod, 2024.

Photo : L’Artiste Phénix de Marc Chagall (1972), lithographie.

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