« Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants. » Le conte de fée s’achève sur cette dernière phrase laissant le lecteur imaginer une suite pleine de félicité. À notre époque, sous nos cieux, nous faisons des mariages d’amour et quand la princesse et le prince charmant se sont enfin rencontrés le bonheur doit suivre inévitablement, protégé par la constellation de la flèche de cupidon.
Hélas, tout ceci oublie que le couple est avant tout une construction culturelle et que, passée la passion amoureuse, la nature reprend ses droits. Le voile de la magie se déchire. La princesse qui trouvait auparavant charmant le désordre dans lequel vivait le prince s’agace qu’il laisse trainer ses affaires partout. Le prince qui était touché par la vulnérabilité de la princesse, dépourvue du sens de l’orientation, s’énerve qu’elle se trompe, à chaque fois, de direction en sortant de chez eux.
Un couple demande un minimum de travail pour le faire vivre et durer au-delà de l’ivresse amoureuse déclenchée par la rencontre et qui s’épuise naturellement avec le temps. C’est toute la force de notre espèce humaine que d’être capable d’intellectualiser nos actions et de dépasser l’aspect purement émotionnel pour accéder à un plaisir et à une satisfaction « plus cognitives ».
Certains couples développent spontanément des stratégies efficaces d’adaptation à l’émoussement de la passion et mettent en place un engagement durable dans lequel les deux partenaires s’épanouissent. D’autres rencontrent des difficultés pour construire ce cadre et cette dynamique d’une union qui dure. Dans ce cas, une thérapie de couple peut être une aide pour apprendre à mettre en place les processus favorables à la durée de la relation. Mais le thérapeute n’est ni un magicien, ni une fée.. Si la démarche est initiée trop tardivement, le couple aura peut-être atteint un point de non-retour. Dans ce cas, les séances permettront surtout de clarifier la situation et de favoriser la poursuite de l’histoire…chacun de son côté. Enfin, une thérapie de couple n’est pas un ménage à trois. Les séances ne sont pas destinées à durer, le couple doit à terme fonctionner sans avoir à passer par la case « psy ». À la princesse et au prince d’écrire eux-même la suite du récit qui, à défaut d’être un conte de fée, peut être une belle histoire.